« A quoi vous fait penser le mot Rascasse ? - Té, à la bouillabaisse, pardi ! ». Si vous veniez à Marseille poser cette question, voici à quelque chose près ce que l’on pourrait vous répondre aux alentours du Vieux-Port. Pour la plupart des marseillais, le mot «Rascasse» évoque sans hésitation cette célèbre soupe du pays de Pagnol, sans laquelle il serait impensable de la préparer...

Mais le plongeur connaissant d’un peu plus près ses classiques, et notamment ce poisson de la famille des Scorpaenidae, est en général plus fasciné que le gastronome, par son comportement et sa capacité à se fondre dans le décor, à tel point que souvent elle ne nous apparait qu’au moment où on pose presque la main dessus.

Car les rascasses (il en existe plusieurs espèces en Méditerranée), sont de très mauvaises nageuses. A vrai dire, nager ne leur sert qu’à passer d’un rocher à un autre. Dans le milieu marin, la capacité de nager représente souvent pour les poissons, un moyen de se nourrir ou bien de fuir. Les plus grands nageurs sont d’ailleurs ceux que l’on rencontre en plein eau au large où plus aucun refuge n’est accessible : maquereaux, thons, sardines…).


On rencontre les rascasses la plupart du temps sur les fonds rocheux, de la surface à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Elles n’hésitent pas non plus à s’aventurer sur le sable et dans les herbiers. En réalité, elles n’ont même quasiment aucun besoin de se cacher, leur corps fait le travail. Un corps trapu, qui a la particularité de pouvoir étonnamment passer inaperçu, surtout lorsque la rascasse se pose sur un rocher couvert d’algues. Elle possède également un fort pouvoir d’homochromie, c'est-à-dire d’adapter sa couleur à celle du fond.

De plus, la présence de rayons venimeux sur la nageoire dorsale, les rendent particulièrement redoutables pour qui oserait s’y attaquer. Elles ont de ce fait peu de prédateurs, si ce n’est les chasseurs sous-marins, qui doivent cependant se méfier. La piqûre de la rascasse, si elle n’est pas dangereuse pour l’homme en Méditerranée, reste tout de même très douloureuse. Le venin étant thermolabile, il suffit d’approcher une source de chaleur pour le détruire, comme une éponge plongée au préalable dans de l’eau chaude, les brûlures à la cigarette et incisions étant à éviter.

Mais attention ! Dans les autres régions du monde, il existe des espèces dont le venin est beaucoup plus puissant, pouvant amener la mort d’une personne. C’est le cas par exemple, de la rascasse volante (Ptéroïs volitans) présente notamment en mer Rouge.


En ce qui concerne leur comportement, les rascasses sont plutôt solitaires. Elles restent immobiles, et capturent leurs proies à l’affût, en ouvrant leur bouche avec une rapidité impressionnante. Ceci à pour effet de créer une aspiration soudaine dont la proie ne peut s’affranchir. Elles laissent ainsi peu de chance aux petits poissons qui s’approchent naïvement, la peau de la rascasse imitant à la perfection les algues sur les rochers.

L’été, pendant la période de fraie, elles ont tendance à plus se regrouper, et pondent leurs œufs dans des sortes de masses gélatineuses. Les larves vivront leurs premières semaines dans le domaine pélagique, avant de rejoindre le fond de la mer pour y passer le reste de leur vie.

En Méditerranée, on dénombre plusieurs espèces de rascasses, les plus courantes sont la rascasse rouge (ou chapon) Scorpaena crofa, la rascasse brune Scorpaena porcus, et la rascasse pustuleuse (ou petite rascasse) Scorpaena notata.

Anthony LEYDET
Article et crédit photos Anthony LEYDET
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