voyage plongée KiritimatiVoyage plongée Kiritimati

Je suis à Kiritimati, le plus grand atoll du monde et peut-être le plus ancien, coincé entre lagon et océan. L’horizon est partout. Cette ancienne île Christmas, appartient à la république des Kiribati (33 îles réparties entre îles Gilbert, îles Phoenix et îles de la Ligne) dont la capitale est Tarawa-Sud dans l’archipel des îles Gilbert, à 3300 km d’ici (4 heures de vol)... Dive now !
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Histoires de bolons et plongée au Sénégal

Delta du Saloum : une Camargue sénégalaise où les fleuves viennent se frotter aux marées de l’Atlantique. Un projet de préservation de ce biotope unique et menacé vient enfin d’aboutir et apporte des solutions aux communautés de pêcheurs de toute la région.
Un reportage entre découverte du pays, de la civilisation et plongées atypiques...
« Hé, belles fesses, viens voir un peu le travail des femmes ! ». A peine sorti de la voiture, me voilà happé par un tourbillon de boubous colorés. C’est à peine si mes pieds touchent le sol jusqu’aux manguiers sous lesquels sont étalés statuettes en bois, colliers et autres brimborions. Une commère aux flancs larges comme une barcasse me vante la finition d’un masque tandis qu’une autre me coiffe d’un chapeau peul au moins deux fois trop grand. J’aurais dû me méfier de cette apostrophe un peu trop flatteuse de mon arrière-train…La pause s’avère moins relaxante que prévu. Il est grand temps de reprendre la route du delta du Saloum. Et vite, vite, retrouver la quiétude de la mangrove.


© Photos C. Migeon

A 3 ou 4 h au sud de Dakar, terre et mer fêtent leurs noces dans un inextricable enchevêtrement de plus de 200 îles. Un mariage fécond qui a permis à la mangrove de s’épanouir sur les rives des bolons, ces bras de mer au parcours indécis. Un écosystème remarquable. Toute la zone a été élevée au statut de Réserve Mondiale de la Biosphère en 1981. La longue pirogue fait ronfler son moteur de 40cv en négociant de gracieuses courbes entre les cordons de palétuviers. De temps à autre, une tache blanche vient se distinguer dans le vert pomme du mur végétal. Une aigrette, plumet au vent, nous regarde filer d’un air hautain. Plus loin, une énorme machine volante se met en branle et s’arrache péniblement à la surface de l’eau. Le Goliath, géant des hérons, prend ses longues pattes à son cou. Le delta apparaît tout d’abord comme une immense volière naturelle où s’ébattent échassiers, aigles pêcheurs et pélicans. Et puis, petit à petit, alors qu’on s’enfonce au cœur du dédale amphibie, on perçoit, par touches progressives, la vie sous l’eau : une surface frémissante, des petits poissons affolés qui jaillissent autour de la pirogue en éclairs métalliques, une sterne kamikaze qui sort de l’eau le bec embarrassé d’un alevin frétillant, une nageoire de dauphin fendant la surface, un nuage de sable soulevé sur un petit fond par une raie effarouchée…Le Saloum, c’est aussi un formidable refuge pour les poissons harassés au large par les avides flottilles de pêche européennes, un havre de paix favorable aux frayères et nurseries, un terrain de jeu sécurisé pour le jeune poisson en culottes courtes, à l’abri des redoutables mâchoires qui hantent la pleine mer. C’était le cas du moins jusqu’à il n’ y a pas si longtemps.

Alors que nous faisons route vers le bivouac du soir, nous croisons des pêcheurs occupés à remonter leur senne tournante. Dans une lumière cannelle, les rets chargés de poissons argentés émergent lentement d’une eau rayée de mystérieux reflets d’étain fondu. Belle carte postale. Mais il y a hic : les mailles du filet de nylon sont très petites et les poissons sont des mulets juvéniles. Depuis quelques années, la pression halieutique s’est sensiblement accrue sur cette zone jusque là épargnée. La demande des marchés étrangers a grimpé en flèche et de nombreuses espèces qui n’alimentaient que les villages de la région sont désormais exportées. L’arrivée de pêcheurs migrants a encore compliqué la donne. Pendant la saison sèche, des Guinéens viennent par exemple pêcher le cobo, un poisson gras et truffé d’arêtes au « filet ramasse », un filet qu’ils laissent dériver dans le bolon. Les poissons sont fumés, séchés, empilés dans des cartons de 200kg et expédiés en Guinée ou au Mali. De telles méthodes ont de sévères répercussions sur la faune estuarienne.


© Photos C. Migeon

Après une nuit sous la tente sur l’île de Guior, bercé par les hurlements mélancoliques des chacals et les aboiements souffreteux des hyènes, je me réveille, astiqué comme les bottines du général Faidherbe, fameux gouverneur du Sénégal. Les abeilles bombinent, les huîtres des palétuviers claquent du bec. Belle journée pour plonger. La pirogue me largue sur les piles prometteuses d’un ponton de bois. L’eau jaunasse est plus fraîche que prévu. L’étale de marée haute n’est pas encore bien établie et un léger courant me colle contre l’un des piliers du pont. Brûlure immédiate et cuisante. Des bouquets de plumulaires, hydraires des plus vicieux, me souhaitent la bienvenue à grands coups de décharges urticantes. Un aréopage de poissons cerf-volant, ces petits monodactylidés taillés en losange et amateurs d’estuaires, vient me faire oublier mes démangeaisons. Curieux comme des chouettes, ils dévisagent le plongeur au ras du masque. Des lutjans peu habitués aux visites me lorgnent avec circonspection. Je sors la tête de l’eau sous les regards médusés d’une dizaine d’enfants attroupés sur le ponton. Ils m’ont pris pour un lamantin ! Attirés par des résurgences d’eau douce, ces gros siréniens fréquentent depuis longtemps le delta. Certains villages continuent de les chasser pour la viande. Compter autour de 150000 FCFA (230 € environ) pour la bête entière. Les gamins rigolards m’expliquent qu’on tue le lamantin lorsqu’il remonte en surface à l’aide d’un grand harpon. Je sors de l’eau, ravi de m’en tirer à si bon compte.

A Moundé, Babacar Sarr, le chef du village, a trimé pendant 30 ans sur les thoniers et chalutiers français. Une vie dédiée à la pêche hauturière avec des campagnes qui duraient jusqu’à 100j, des tempêtes qui vous retournent les tripes, les sales boulots sur le pont dans la froidure des embruns,des mois complets sans revoir les proches… Il coule aujourd’hui une retraite bien méritée et s’est proposé de m’accompagner en pirogue avec la délégation de son village à la grande sauterie du lendemain : l’inauguration officielle de l’aire marine protégée (AMP) du Bamboung, en présence de Mme Viviane Wade, l’épouse du président du Sénégal et de toutes les huiles de la région. A l’initiative de l’Océanium de Dakar et donc de son inoxydable patron Haïdar El Ali, la totalité des 15km de bolon sont intégralement protégés en accord avec les 15 villages des environs. Mieux que cela : les populations locales gèrent elles-mêmes la sauvegarde de la zone. Une grande première qui marque sans doute un tournant au Sénégal.


© Photos C. Migeon

Après une sale nuit en compagnie d’une confrérie de rats qui s’étaient mis en tête de faire du trampoline sur mon matelas, j’embarque dès potron-minet en compagnie d’une dizaine de femmes sur une bien frêle pirogue. 4 heures de vilain clapot plus tard, clameurs et grondements de tambours s’élèvent au loin. Bientôt une vingtaine d’embarcations nous rejoint à l’embouchure du bolon du Bamboung, avec chacune à son bord une palanquée de chanteuses survoltées accompagnées d’un orchestre de tamtams. Ambiance garantie. Mais voilà déjà la « pirogue présidentielle ». Debout, Haïdar, coiffé d’un chèche immaculé salue la tonitruante flottille tout en faisant le V de la victoire. Il a de bonnes raisons d’être content, cela fait 3 ans que lui et son équipe poussent le projet. Derrière notre Omar Sharif de la mangrove, Mme la Présidente envoie des baisers aux délégations en liesse. Une sortie du carrosse royal à Buckingham Palace ne saurait susciter plus d’émotion. Si seulement Léon Zitrone était encore parmi nous…Notre pirogue ayant le moteur le plus miteux, nous arrivons bons derniers à Keur Bamboung, le campement éco touristique achevé tout récemment afin d’assurer notamment le fonctionnement de l’AMP. Un flot de discours flagorneurs ânonnés par une succession de satrapes locaux charrie déjà son lot de glose bavarde et d’éloges poussifs : « Mme Viviane, inlassable Pénélope, engagée corps et âme auprès de son mari dans la sauvegarde de l’environnement, illustre dame qui fait honneur à la femme sénégalaise… ». Haïdar a droit lui aussi à son panégyrique : « Ange de la mer, gendarme n°1 de l’environnement, Cousteau sénégalais… », les dithyrambes s’enfilent comme des perles. Haïdar s’agite sur sa chaise comme une guêpe dans un bocal. Il n’est pas dupe. L’important, c’est que la femme du président soit ici aujourd’hui pour lui apporter le soutien officiel de l’Etat et que l’AMP bénéficie du même coup d’un formidable coup de pub à travers tout le pays.

Jean Goepp, coordinateur pour l’Océanium du projet Narou Heuleuk (voir encadré), savoure ce jour de gloire. « Le choix de la zone à protéger s’est fait en accord avec les populations locales. L’idée, c’est qu’ils s’approprient eux-mêmes la gestion de l’AMP. On compte aujourd’hui 16 surveillants, complètement bénévoles, qui viennent pour la plupart des villages voisins. Ils se succèdent par binôme dans un mirador à l’entrée du bolon et préviennent les intrusions de pêcheurs. Ils font aussi des patrouilles à bord d’un bateau motorisé. On a construit avec eux un éco village dont les revenus sont destinés à financer l’AMP et des projets de la communauté rurale ». Ses explications finissent noyées sous les décibels de la délégation de Toubakouta qui vient de se lancer dans une retentissante chorégraphie.


© Photos C. Migeon

Quelques jours plus tard, alors que hérons et courlis ont repris possession des berges, Keur Bamboung suinte de toutes ses pores calme et sérénité. Un petit calao à bec rouge slalome entre les cases construites en matériaux traditionnels, toit en fronde de palmiers, murs en briques cuites sur place… Les merles métalliques babillent du haut d’un baobab grassouillet. Pas une paupière ne bat dans le campement. Seul Haïdar soulève de la poussière dans une agitation soudaine. Le feu lui sort des naseaux. Ses chers arbrisseaux qu’il a lui même plantés n’ont pas été arrosés depuis 3 jours. Seau d’eau à la main, il court ventre à terre d’un plan à l’autre et abreuve ses desséchés protégés. Peut-on imaginer personnage plus impliqué dans la défense de l’environnement ? Haïdar, un sybarite à la trogne si gaillarde qu’elle pourrait servir d’enseigne à une taverne, une vitalité de phacochère, une opiniâtreté de buffle, une force qui va, aurait dit Hugo. Ses parents libanais sont arrivés à Dakar, croyant débarquer aux USA. Haïdar découvre la mer à 11 ans et depuis ne l’a plus quitté. Il monte l’Océanium en 1984, centre de plongée et association de protection de l’environnement marin et s’investit dans de multiples croisades, de la sauvegarde du thiof, ce petit mérou surpêché car rentrant dans la composition du plat national, à la plantation d’arbres fruitiers dans les îles du Saloum. Un généreux. Il suffit de se poser dans la cour ombragée de l’Océanium pour s’en convaincre : aveugles, épileptiques et sans emplois font antichambre et sont reçus les uns après les autres pour un coup de pouce, un piston, ou simplement un petit billet. A l’instar de Jésus, Haïdar marcherait-il aussi sur l’eau ?
J’aimerais en avoir le coeur net et le convie à venir plonger dans le bolon. Très décevant, ses palmes traversent la surface comme les miennes. Nous nous retrouvons dans une eau très chargée mais fort riche. Vers 5 m, survol d’un épais tapis d’ascidies oranges piquetées de petites éponges rondouillardes. Un poisson à la gueule démesurée sans doute de la famille des Batrachoïdidés nous guigne, hébété, à l’entrée de son terrier. Haïdar repère les yeux émeraude d’une sole-langue qui dépassent à peine du sable. Au cœur du lacis de racines de palétuviers, éponges, huîtres, moules et hydraires conspirent dans l’ombre.


© Photos C. Migeon

Alors que nous naviguons vers le campement, Haïdar m’explique comment l’IRD (Institut de Recherche sur le Développement) a d’ores et déjà pu constater une incroyable augmentation de la biomasse dans le bolon. Les chercheurs ont eu du mal à croire à de tels résultats. Les pêcheurs locaux signalent depuis quelque temps des captures record dans les eaux alentour. « On a mis en place ici un modèle de gestion des ressources marines qui doit servir d’exemple à tout un tas d’autres communautés. Regarde autour de toi, cela grouille de vie ici ». Comme pour confirmer ses propos, un mulet jaillit de l’eau pour atterrir dans la pirogue. Haïdar commanderait-il aussi aux bêtes de l’Océan ?

Christophe Migeon


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