voyage plongée KiritimatiVoyage plongée Kiritimati

Je suis à Kiritimati, le plus grand atoll du monde et peut-être le plus ancien, coincé entre lagon et océan. L’horizon est partout. Cette ancienne île Christmas, appartient à la république des Kiribati (33 îles réparties entre îles Gilbert, îles Phoenix et îles de la Ligne) dont la capitale est Tarawa-Sud dans l’archipel des îles Gilbert, à 3300 km d’ici (4 heures de vol)... Dive now !
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La plongée de nuit: au coeur des ténèbres

D’abord la jambe gauche…et puis ensuite la jambe droite. Ce sont toujours les mêmes gestes, toujours, que l’on répète lorsqu’on enfile une combinaison. Oui mais voilà, il est 22h30, et la combinaison, encore toute humide de l’après-midi est aussi chaleureuse et accueillante qu’une plage de St Pierre et Miquelon au mois de janvier. Sur le sombre quai de St Pabu, Finistère Nord, ce ne sont que soupirs et gémissements, pas vraiment d’extase, malgré l’heure tardive. Pourquoi diable 15 plongeurs préfèrent-ils se soumettre à ce supplice barbare et moyenâgeux plutôt que de siroter une bolée de cidre dans la tiédeur douillette d’une crêperie ? Parce qu’ils savent que le spectacle qui les attend effacera bien vite les affres de ce bénin calvaire...

A peine 30 minutes plus tard, nous voilà au pied d’une balise de danger isolé dont l’on ne devine que l’inquiétante silhouette par cette nuit sans lune. Sous le zodiac coule un sinistre clapot couleur de
Le cocon du perroquet
"Do not disturb"
Certaines espèces de perroquets ont la curieuse habitude de sécréter à partir de la bouche un genre de mucus qui finit par englober tout le corps. Deux trous placés aux extrémités de ce cocon diaphane permettent la circulation de l’eau et donc la respiration. Au sein d’une même espèce, ce sont les plus petits individus qui sont les plus susceptibles de se confectionner cet abri. Les plus gros semblent ne pas en avoir besoin. Mais au fait à quoi cela sert-il ? Il semblerait que l’isolation olfactive soit le but recherché. Les prédateurs nocturnes comme la murène, fonctionnent en effet souvent à l’odorat. Le cocon permet au perroquet de ne pas laisser d’effluves partir au fil de l’eau. Prière de ne pas déranger : il ne peut faire qu’un cocon par nuit.
goudron. Il est étonnant de constater à quel point une couleur peut influencer l’état d’esprit : Si le Grand Bleu peut faire rêver les plus blasés, rares sont ceux qui salivent à l’idée de se faire avaler par ce Grand Noir. C’est pourtant à ce moment précis que flotte autour de l’embarcation un suave parfum de mystère, un arôme d’inconnu, une titillante atmosphère d’aventure. Instant fugace où chacun savoure une impalpable sensation de surprises et de découvertes potentielles.

Ca y est, c’est l’étal. François, le patron du club nous donne le feu vert. Retour prévu dans 45 minutes max. La lampe encore éteinte, je me laisse engloutir par les ténèbres glacées. Les repères s’estompent, la surface a disparu, le fond reste invisible. Quelques mouvements de la main révèlent la présence lumineuse d’algues dinoflagellées qui se mettent soudain à scintiller. Bras tendus comme un super héros à cape rouge, je vole sous une voûte constellée d’étoiles. ..et fais un spectaculaire atterrissage d’urgence au milieu de vilains blocs rocheux qui me râpent le ventre. Houla, il est grand temps d’allumer le phare !

La voilà enfin, dans le halo lumineux de la lampe, la récompense du plongeur de nuit : un foisonnement, une exubérance de vie insoupçonnable de jour. Tout le petit monde des failles et des fissures est de sortie : des galathées noires, toutes pinces dehors, s’activent sans aucune pudeur sur le velours d’une moquette d’anémones Corynactis. Sous les panaches plumeux de gros œillets de mer, d’arrogantes étrilles crapahutent, dos à la paroi, tout en me dévisageant de leurs yeux lucifériens. Quelques tourteaux nonchalants se fraient poussivement un chemin parmi la foule des petites araignées Inachus ou macropodes, coquets petits crustacés à la carapace délicatement ornée de bouts d’éponges ou de boutures d’algues. Sur une coralline, un pycnogonide, cousin éloigné des araignées et des scorpions, se laisse deviner par le lent mouvement de ses pattes squelettiques. Rien d’étonnant à ce que les Bretons les nomment les «corps sans âmes » : Il faut vraiment coller son masque sur la bestiole pour apercevoir un semblant de tête. Plus loin, un gracile syngnathe aiguille s’enroule, hébété par la lueur du phare autour d’une himanthale. Un congre affamé ondule le long de la lisière sable-roche tel long ruban argenté. Un calmar inquisiteur se fait soudain capturer par les faisceaux lumineux de nos lampes comme un bombardier par les projecteurs d’une DCA. Cela laisse de marbre de grosses vieilles, qui, vautrées sur le fond, dorment du sommeil du juste. Tout le piment de la plongée de nuit vient de cette incomparable concentration d’imprévus et de surprises.

Les décors de fonds marins parcourus la journée sont utilisés, une fois la nuit venue, pour une toute autre pièce. Certains acteurs, premiers rôles charismatiques le jour, partent, confus, se cacher dans les coulisses. D’autres, abrutis de fatigue, s’endorment, tels des souches, à même les planches du théâtre. De nouveaux comédiens surgis de nulle part ou des seconds rôles entr’aperçus le jour prennent alors le devant de la scène. Le spectateur nocturne assiste ainsi à une représentation bien plus originale que le jour avec des acteurs souvent moins connus, jouant parfois des séquences parfaitement inédites. Ne tarde pas à apparaître une étonnante sensation d’intimité, de proximité entre le plongeur et tout ce petit monde. Alors la prochaine fois que vous hésiterez entre la discothèque, ses gins fizz, ses slows langoureux et enfiler une vieille combinaison glacée, réfléchissez-y à deux fois… Vous aurez sûrement moins mal à la tête le lendemain.

Couches tôt et gros fêtards: le petit monde de la nuit tropicale


Les habitants des récifs coralliens sont ceux chez qui les différences de comportement entre le jour et la nuit ont été les plus décrits et analysés. Quand on est chercheur, sans doute a-t-on une tendance naturelle à choisir des eaux à 25 °C pour y passer ses nuits. Voici en 3 tableaux, les faits et gestes des habitants du récif, partagés en bons pères de famille rentrant se coucher à la tombée du jour et en infatigables noctambules, jet-setters des longues et torrides nuits tropicales.

Le crépuscule

Lueurs dans la nuit
Les deux points rouges luisant dans le faisceau du phare sont très probablement les yeux d’un crustacé (crabe ou crevette). Si vous apercevez deux points verts espacés de 20 cm, ce ne sont sans doute que les yeux d’un petit requin de récif venant à votre rencontre. Si par contre vous voyez deux points verts espacés de 50 cm, saisissez votre couteau de plongée, tranchez les carotides de votre coéquipier de plongée le plus proche (!) et palmez vivement dans la direction opposée.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est sans doute l’un des moments les plus chauds de la nuit. Environ 1 heure avant le coucher du soleil, les petits poissons planctonophages qui se gobergeaient en pleine eau commencent à se diriger vers le récif. Les scientifiques ont montré qu’à ce moment là, la distance entre le poisson et le récif était proportionnelle à sa taille. En d’autres termes, plus le poisson est gros plus il tardera à «rentrer à la maison». C’est le cas par exemple des perroquets et des chirurgiens qui musardent de ci de là en petits groupes et traînent des nageoires pour aller au lit. Ce flux rentrant de poissons croise ainsi un flot sortant de poissons jusque là cachés dans les anfractuosités du tombant, et qui, affamés, se dirigent vers leurs restaurants préférés. Abris, grottes, surplombs, failles sont souvent partagés en bonne intelligence par les deux communautés. Les espèces diurnes ne peuvent retrouver «leur terrier » qu’avec un minimum de lumière ambiante, c’est pourquoi certains individus mettent tant d’empressement à rejoindre le récif avant la nuit noire.

Au fur et à mesure que le soleil baisse, l’incidence des rayons lumineux fait ressortir les silhouettes des poissons qui rentrent au bercail ou qui sortent manger. Les prédateurs comme les thons ou les carangues profitent de la confusion et tentent alors leur chance. Une curieuse ambiance électrique se fait alors sentir sur tout le récif. La nervosité est palpable au-dessus de la moindre patate.

La nuit

Les poissons diurnes finissent d’enfiler leur pyjama, souvent beaucoup plus terne que leur éclatante livrée de jour : taches et rayures sombres sont souvent de rigueur. Chirurgiens et poissons anges dissimulent leurs corps comprimés dans des failles étroites. Les balistes, poissons prudents par excellence, se bloquent dans la fissure à l’aide des rayons «à crans d’arrêt » de leur nageoire dorsale. Indéracinables… Les papillons, moins regardant en matière de sécurité, s’embusquent sans façons dans le lacis des branches de corail tandis que les poissons ballon viennent se nicher tels des pigeons dans l’alcôve d’une éponge. Les labres, enfants terribles et turbulents du récif de jour, vont s’enfouir sous les sédiments ou rejoindre les papillons dans le labyrinthe de corail.

On estime à environ 70 % le pourcentage de poissons coralliens exclusivement diurnes, 10% purement nocturnes, le reste étant des espèces opportunistes, se nourrissant quand elles en ont l’occasion, dormant quand elles le peuvent.

Apogons, poissons soldats, écureuils, priacanthidés font partie de ces espèces qui ne sortent que la nuit. Les alambics de l’évolution leur ont tous donné des yeux immenses (pour mieux capter le moindre rayon lumineux) ainsi qu’une splendide livrée rouge, parfaitement invisible dans l’obscurité. La plupart sont des carnivores qui passent leurs nuits à chasser l’invertébré.

Au fait, que font les invertébrés pendant tout ce temps ? Le plancton, plus profond dans la journée, remonte vers la surface la nuit tombée. De minuscules crevettes et autres petits invertébrés, dissimulés jusqu’alors dans les sédiments se joignent à la sarabande. Les coraux entendent bien profiter de cette manne venue du fond et les polypes de chaque colonie tendent avidement leurs tentacules dans le courant. Ils sont loin d’être les seuls : les crinoïdes, cousines des étoiles de mer, déploient leurs bras plumeux ; les alcyonaires, ou coraux mous, se gorgent d’eau et vont jusqu’à multiplier par trois leur volume ; les vers polychètes exhibent sans complexe leur panache branchial. Les fonds de sables, mornes plaines désertes le jour, se mettent à vibrer soudain d’une exubérante agitation : carrousel d’étoiles et d’oursins, fantasia de mollusques nudibranches ou de gastéropodes, tout ce petit monde au ventre creux ratisse les sédiments avec avidité. La pleine lune peut fortement tempérer cette folle effervescence, les espèces les plus petites préférant alors rester proches de leur abri.

L’aube

Il a été prouvé que le réveil chez les poissons est déclenché par l’augmentation de l’intensité lumineuse plutôt que par le mécanisme d’horloges internes. Au sein d’une espèce donnée, tous les individus dispersés sur la même zone de récif se réveillent pratiquement simultanément, à 5 minutes près ! Par contre, il peut s’écouler plus d’une heure entre le réveil de la première espèce et celui de la dernière. Souvent à peine sortis de leur engourdissement, de nombreux poissons passent à la station service se faire retirer les parasites par un labre nettoyeur compatissant. Sans doute l’équivalent de notre bonne vieille douche… Chacun finit par sortir de son trou, et décide de s’activer pour chercher sa pitance. Les chirurgiens, les perroquets, les rougets, certains labres s’associent en petits bancs pour aller se nourrir. Ils croisent sur leur route les noctambules rentrant vers leur tanière, non pas éméchés, mais le ventre plein. Là encore, comme au crépuscule, c’est l’occasion pour les prédateurs d’améliorer leur ration quotidienne de protéines et pour le plongeur d’assister avec un peu de chance à de grandes scènes de chasse poursuite.
 

Comment mieux plonger la nuit


1) Bien préparer sa plongée:
Chasseurs de Fluorescence
La fluorescence est la propriété qu’ont certains animaux d’absorber un rayonnement lumineux et de l’émettre à nouveau avec une longueur d’onde plus grande. C’est un peu différent de la bioluminescence, où les animaux ont en eux-mêmes la capacité de produire de la lumière. Dans le cas de la fluorescence, il faut éclairer le sujet. Pour mettre en évidence ce phénomène étonnant, une société anglaise a mis au point un système de filtres que l’on pose sur le phare ou les flash d’appareils photos. C’est tout simplement magique : on éclaire la bestiole qui prend alors soudain des couleurs intenses et saturées. Cela marche extrêmement bien sur les coraux, les petits crustacés comme les crevettes ou encore les anémones. La plongée de nuit se transforme alors en une exaltante chasse aux couleurs psychédéliques. La fluorescence ou comment revisiter la nuit sous-marine…

Renseignements: www.nightsea.com
Est-il bien utile de préciser qu’une plongée de nuit se prépare avec encore plus d’attention que d’habitude ?
  • Avoir fait une reconnaissance du site le jour peut permettre d’éviter de fâcheux désagréments.
  • Choisir un petit fond, à l’abri du courant, dans une anse ou une crique par exemple. N’abusez pas de la profondeur, car c’est souvent la troisième plongée de la journée. Il n’est vraiment, vraiment pas raisonnable de faire des paliers en plongée de nuit…
  • Si la plongée s’effectue à partir d’un bateau, une personne en sécurité surface s’avère absolument indispensable.
  • Les palanquées seront de 2 ou 3 plongeurs maximum.
  • Bien attacher tous ses flexibles (manomètre, octopus…), car la progression la nuit s’effectue plus près du fond.
  • Rappelez-vous, vous serez dans le noir. Repérer la position de tous ses instruments, de façon à éviter de passer 5 mn à chercher son ordinateur.
2) Le matériel:
  • Une lampe principale. Un halo large est plutôt recommandé, quoiqu’un faisceau étroit puisse être plus adapté en cas d’eau chargée en particules.
  • Une lampe secondaire, en secours dans la poche du gilet peut s’avérer fort utile.
  • Les bâtons phosphorescents, style cyalume, accrochés à l’arrière du bloc, sur la robinetterie, par exemple, permettent de garder un contact visuel avec ses coéquipiers quand leur faisceau lumineux n’est plus apparent.
  • Une lampe clignotante fixée au mouillage facilite grandement l’orientation.
  • Vous ne retrouvez pas le mouillage, vous faîtes surface dans le noir le plus complet à 500m du bateau. Aïe ! Pensez au sifflet. Il a déjà sauvé des vies. Eclairez vers l’endroit où vous pensez que le bateau se trouve, puis éclairez vous vous-même, tout en soufflant comme un forcené dans votre sifflet. Si personne ne se manifeste, un bon PMT vers la côte vous ravigotera les mollets. Si vous ne savez pas où se trouve la côte, je ne peux vraiment plus rien pour vous…
3) Du bon usage de la lampe:
  • Les lampes de forte puissance n’ont pas que des avantages, loin de là. Les poissons qui dorment vous le diront. Préférez une ampoule de 20 ou 50W à une éblouissante 100W. Lorsque vous éclairez la faune endormie ou des invertébrés photosensibles, masquez le faisceau avec la main. Vous obtiendrez une douce lumière tamisée qui ne mettra pas en déroute les animaux aveuglés. Vous verrez au final bien plus de choses que vos collègues armés de projecteurs surpuissants.
  • Observez la vie sur les pourtours du halo lumineux pas seulement au centre.
  • Ne soyez pas cramponné à votre lampe. Sachez l’éteindre de temps en temps. Fermez alors les yeux, laissez vos pupilles se dilater, s’habituer à l’obscurité. Laissez vous baigner par ces ténèbres. Soyez à l’affût du moindre rayon lumineux, lune, lumière d’un autre plongeur, animal luminescent.
  • Utilisez votre lampe comme si c’était un revolver chargé : ne la braquez pas sur le visage de vos camarades. Vous leur éviterez ainsi de passer 3 à 4 mn à récupérer leurs facultés visuelles. Pour communiquer par signes, éclairez donc vos mains sur le côté.
  • Evitez de l’utiliser en surface. Réflecteurs et lentilles frontales peuvent fondre au bout de quelques minutes quand ils ne sont pas refroidis par l’eau.
4) Quel est le meilleur moment pour plonger de nuit ?
  • C’est un sujet un peu épineux. J’ai moi-même longtemps pesté contre les patrons de clubs, qui, pressés d’aller se coucher, envoient leurs palanquées à l’eau le soleil à peine caché par l’horizon. A ce moment là, tous les poissons ne sont pas encore au lit, les nocturnes ne sont pas encore en pleine activité et la luminosité peut être encore forte. Pourtant il faut reconnaître que la plongée crépuscule permet de s’équiper de jour, d’observer l’adaptation de la vie à l’obscurité et surtout d’assister à une période d’intense activité sous l’eau, où chasse et mise à mort sont fréquentes. Si vous en avez la possibilité, essayez tous les types de plongée de nuit : au crépuscule, au cœur de la nuit, avec ou sans lune. De toute façon, vous ne serez jamais déçu…

Christophe Migeon
© Photos et textes C. Migeon
Tous droits réservés

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