Emotions voyage plongée Floride: la légende de Crystal

Il y a plusieurs lunes de cela, vivait un grand chef indien pressage, son nom était «Lamantin blanc». Il était reconnu de tous, pas uniquement des hommes de son peuple mais aussi de ceux des autres tribus séminoles… Ce n’est sûrement pas celui-là qui a osé lécher l’objectif de mon appareil photo à «Crystal River », dans le comté de Citrus, en Floride non loin du golfe du Mexique. Son museau hérissé de poils durs n’incite pas au baiser, sa peau épaisse et rugueuse, ses tous petits yeux noirs et sa queue large plate n’en font pas un modèle de séduction. Et pourtant, ses gestes patauds, ses trois mètres enveloppés de 400 kilos de graisse le rendent attachant ! L’un d’eux enserre tendrement ma jambe de ses deux nageoires : je reconnais une femelle avec la vulve très basse, contrairement au mâle dont le sexe, presque identique, est situé plus haut en position ventrale. Elle a deux cicatrices au côté droit, probablement une hélice de bateau…
Très proches des éléphants et vivant dans l’eau, ce sont des mammifères qui appartiennent au groupe des Siréniens (« vaches de mer » en grec). Les marins les ont longuement pris pour des sirènes, mi-femmes mi-poissons, lascivement allongées sur les rochers avec leurs petits cris discrets et plaintifs : sûrement une belle légende mais peu flatteuse pour les femmes ! Longtemps pourchassés pour leur chair, les lamantins semblent bien protégés maintenant, tout au moins aux Etats-Unis d’Amérique. Leurs seuls véritables ennemis restent les requins et les crocodiles. Ils peuvent parcourir plusieurs kilomètres et passent jusqu’à huit heures par jour à se nourrir en broutant des plantes aquatiques avec les deux lèvres de leur trompe, aidés de leurs nageoires qui tiennent la nourriture. Attitude amusante que rien ne vient perturber. Le reste du temps… ils dorment, posés sur le fond qu’ils ne quittent que pour respirer brièvement. Nos journées d’observation de ces animaux restent donc paisibles, sans stress, faites de contacts doux décidés par eux-mêmes sur fond musical de chants d’oiseaux.
A Three Sisters, nous assistons à la chasse d’un cormoran qui, après de nombreuses et longues apnées, réussi à se saisir d’une proie. Les poissons, apeurés, forment une véritable boule tournoyante pour se protéger, comme dans les océans. Mais la boule éclate sous le bec de l’oiseau prédateur peu soucieux de notre présence : un spectacle rare, époustouflant offert par une nature sauvage est indomptée. Entre les racines et les troncs d’arbres enchevêtrés, les résurgences font bouillonner le fond sablonneux projetant les feuilles comme des geysers. Un serpent passe entre mes palmes. L’eau est douce et d’une limpidité exceptionnelle. Malgré quelques pointes à 20 kilomètres heure très rares, les lamantins se déplacent si lentement qu’on peut observer des bernacles et des algues sur leur corps qui se colorent alors en bleu ou en vert : ravissant ! Je passe donc de longs instants avec ma copine sexy qui reste jusqu’à 20 minutes sans respirer : je craque avant bien sûr. Elle a presque 60 ans et semble insensible au temps qui passe… Nager, manger, jouer et se reposer. Voilà ses seules occupations. Un exemple de sagesse ? Parfois, cette femelle lamantin émet un sifflet court et retrousse son groin, telle extrémité d’une trompe d’éléphant en quête de nourriture. Est-ce une invitation ? Bien qu’elle m’entende parfaitement, sa vue reste médiocre. La communication reste limitée malgré nos contacts répétés…
Elle a dû commencer à copuler vers l’age de neuf ans avec un mâle qu’elle n’a jamais revu car, comme ses collègues, après treize mois de gestation, elle donne naissance à un petit qu’elle élève toute seule. Elles renouvellent cette aventure tous les quatre ans environ, au printemps et en été. Les bébés mesurent 1,2 mètres et pèsent déjà 27 kilos. Le comportement particulièrement social naturellement curieux du lamantin fait de cet animal sauvage, un être attachant et passionnant. Il le rend aussi plus vulnérable ! Souhaitons que cette qualité ne le mène pas à sa perte.
Ainsi, tel un attrapeur de rêve le lamantin blanc ne me quitte plus. Comme une légende vivante, ce gentil géant m’accompagne loin très loin de « Crystal River ». Pour combien de lunes encore ?
Henri Eskenazi
A Three Sisters, nous assistons à la chasse d’un cormoran qui, après de nombreuses et longues apnées, réussi à se saisir d’une proie. Les poissons, apeurés, forment une véritable boule tournoyante pour se protéger, comme dans les océans. Mais la boule éclate sous le bec de l’oiseau prédateur peu soucieux de notre présence : un spectacle rare, époustouflant offert par une nature sauvage est indomptée. Entre les racines et les troncs d’arbres enchevêtrés, les résurgences font bouillonner le fond sablonneux projetant les feuilles comme des geysers. Un serpent passe entre mes palmes. L’eau est douce et d’une limpidité exceptionnelle. Malgré quelques pointes à 20 kilomètres heure très rares, les lamantins se déplacent si lentement qu’on peut observer des bernacles et des algues sur leur corps qui se colorent alors en bleu ou en vert : ravissant ! Je passe donc de longs instants avec ma copine sexy qui reste jusqu’à 20 minutes sans respirer : je craque avant bien sûr. Elle a presque 60 ans et semble insensible au temps qui passe… Nager, manger, jouer et se reposer. Voilà ses seules occupations. Un exemple de sagesse ? Parfois, cette femelle lamantin émet un sifflet court et retrousse son groin, telle extrémité d’une trompe d’éléphant en quête de nourriture. Est-ce une invitation ? Bien qu’elle m’entende parfaitement, sa vue reste médiocre. La communication reste limitée malgré nos contacts répétés…
Elle a dû commencer à copuler vers l’age de neuf ans avec un mâle qu’elle n’a jamais revu car, comme ses collègues, après treize mois de gestation, elle donne naissance à un petit qu’elle élève toute seule. Elles renouvellent cette aventure tous les quatre ans environ, au printemps et en été. Les bébés mesurent 1,2 mètres et pèsent déjà 27 kilos. Le comportement particulièrement social naturellement curieux du lamantin fait de cet animal sauvage, un être attachant et passionnant. Il le rend aussi plus vulnérable ! Souhaitons que cette qualité ne le mène pas à sa perte.
Ainsi, tel un attrapeur de rêve le lamantin blanc ne me quitte plus. Comme une légende vivante, ce gentil géant m’accompagne loin très loin de « Crystal River ». Pour combien de lunes encore ?
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© Tout droit de reproduction réservé - Texte et photo H. Eskenazi
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