Emotions voyage plongée Paris: en Seine… et sous la scène

Par fort courant se fait sentir sous le Pont au Double, au pied de Notre-Dame de Paris… aujourd’hui, la scène est presque chaude… 18 °C. Et la pluie a cessé. Attaché par une sangle à Frédéric, l’un des sapeurs-pompiers de la capitale, lui-même relié au bateau par un bout, je suis sans crainte. Il communique avec Ludovic qui assure la sécurité en surface par des signes courts et précis : va à droite, en avant, retourne vite sur la berge qu’un bateau mouche arrive… Je sens d’ailleurs les vibrations de ses puissantes hélices. La visibilité n’excède pas 60 cm mais les «bons jours», elle peut dépasser les deux mètres. Cette plongée d’entraînement ressemble à une épreuve de son obstacle à travers les barrières de manifs jetées des quais, fils et cannes à pêche, vélo, tuyaux, ventilateurs et autres objets contondants : une vraie caverne d’Ali Baba...
La pêche fructueuse : un fer à cheval moyenâgeux et tout concrétionné, un pistolet, à spéculum, des ossements, des munitions et de nombreuses pièces de monnaie modernes. Ici, dans ce type de plongée un peu particulière, la descente en canard est interdite car le fond vers 4 m n’est visible qu’au tout dernier moment. Il est vivement conseillé de poser dépassement premier ! Ensuite, on avance prudemment, avec une simple lampe frontale, souvent à tâtons, en se déhalant sur les pierres à travers les obstacles métalliques potentiellement dangereux ! De nombreuses coquilles vides recouvrent le fond. Quelquefois, on aperçoit une petite écrevisse ou l’ombre d’un poisson.
Le centre de secours de La Monnaie situé quai Conti, près du Pont-Neuf, regroupe une vingtaine de pompiers, des Sis, spécialistes en interventions subaquatiques, qui assurent, en rotation de 6 par 24 heures, la sécurité de toute la Seine de Paris, sur et sous l’eau. Ce n’est pas une petite tâche, avec en moyenne 650 interventions annuelles dont 250 personnes tombées à l’eau et une centaine de décès… Sur les 7500 pompiers de Paris, ils sont ainsi 70 plongeurs répartis entre trois centres : Pantin pour les canaux et le Haut de Paris, Créteil pour la Marne et La Monnaie pour le centre de la capitale. Sans oublier Surcouf, leur chien mascotte…
Il arrive aussi que les pompiers de Paris effectuent des plongées dans les caves inondées de l’Opéra National de Paris, le célèbre palais Garnier. Sa construction a été décidée par Napoléon III dans le cadre des grands travaux de rénovation de la capitale menés par le baron Haussmann. C’est Charles Garnier, jeune architecte inconnu de 35 ans, qui remporta le concours d’architecture. Les travaux ont duré de 1860 à 1875, interrompus par de nombreuses péripéties, dont la guerre de 1870, la chute du régime impérial et la Commune. Des problèmes techniques aussi sont apparus. après trois tentatives vaines pour vider l’eau qui inondait les sous-sols, Charles Garnier décida finalement de conserver ces fondations inondées afin de maintenir la pression sur le plafond qui soutient le bâtiment.
loin des ors et des fastes, c’est par une simple porte dérobée et un escalier sobre que l’on accède aux presque 1000 mètres de souterrains de l’Opéra. D’énormes tuyaux rouges tapissent les murs du couloir d’accès au sous-sol. Un cadenas ouvre une grille qui laisse apparaître un escalier métallique plongeant dans plus de vingt siècles d’histoire. L’eau y est limpide…
Sans bruit, Yannick et Cédric s’immergent les premiers suivis de David et moi-même. Nous nous déplaçons, tels les spéléonautes, palmes en l’air, flottabilité à peine positive pour ne pas soulever les vieux sédiments qui pourraient salir l’eau et rendre notre visite nettement moins agréable. Les faisceaux de nos lampes nous permettent d’apercevoir les premières voûtes faites de tuiles composant une magnifique succession d’arches posées sur d’imposants piliers. Au détour d’un escalier, nous apercevons un silure, poisson chat de presque un mètre, apporté ici par quelques passionnés d’ichtyologie qui viennent régulièrement le nourrir.
Est le fameux fantôme de l’opéra ?
De temps en temps, une grille métallique vient rompre la monotonie de l’architecture. Dire qu’à quelques mètres au-dessus, on danse les plus beaux ballets du monde…
Henri Eskenazi
Le centre de secours de La Monnaie situé quai Conti, près du Pont-Neuf, regroupe une vingtaine de pompiers, des Sis, spécialistes en interventions subaquatiques, qui assurent, en rotation de 6 par 24 heures, la sécurité de toute la Seine de Paris, sur et sous l’eau. Ce n’est pas une petite tâche, avec en moyenne 650 interventions annuelles dont 250 personnes tombées à l’eau et une centaine de décès… Sur les 7500 pompiers de Paris, ils sont ainsi 70 plongeurs répartis entre trois centres : Pantin pour les canaux et le Haut de Paris, Créteil pour la Marne et La Monnaie pour le centre de la capitale. Sans oublier Surcouf, leur chien mascotte…
Il arrive aussi que les pompiers de Paris effectuent des plongées dans les caves inondées de l’Opéra National de Paris, le célèbre palais Garnier. Sa construction a été décidée par Napoléon III dans le cadre des grands travaux de rénovation de la capitale menés par le baron Haussmann. C’est Charles Garnier, jeune architecte inconnu de 35 ans, qui remporta le concours d’architecture. Les travaux ont duré de 1860 à 1875, interrompus par de nombreuses péripéties, dont la guerre de 1870, la chute du régime impérial et la Commune. Des problèmes techniques aussi sont apparus. après trois tentatives vaines pour vider l’eau qui inondait les sous-sols, Charles Garnier décida finalement de conserver ces fondations inondées afin de maintenir la pression sur le plafond qui soutient le bâtiment.
loin des ors et des fastes, c’est par une simple porte dérobée et un escalier sobre que l’on accède aux presque 1000 mètres de souterrains de l’Opéra. D’énormes tuyaux rouges tapissent les murs du couloir d’accès au sous-sol. Un cadenas ouvre une grille qui laisse apparaître un escalier métallique plongeant dans plus de vingt siècles d’histoire. L’eau y est limpide…
Sans bruit, Yannick et Cédric s’immergent les premiers suivis de David et moi-même. Nous nous déplaçons, tels les spéléonautes, palmes en l’air, flottabilité à peine positive pour ne pas soulever les vieux sédiments qui pourraient salir l’eau et rendre notre visite nettement moins agréable. Les faisceaux de nos lampes nous permettent d’apercevoir les premières voûtes faites de tuiles composant une magnifique succession d’arches posées sur d’imposants piliers. Au détour d’un escalier, nous apercevons un silure, poisson chat de presque un mètre, apporté ici par quelques passionnés d’ichtyologie qui viennent régulièrement le nourrir.
Est le fameux fantôme de l’opéra ?
De temps en temps, une grille métallique vient rompre la monotonie de l’architecture. Dire qu’à quelques mètres au-dessus, on danse les plus beaux ballets du monde…
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© Tout droit de reproduction réservé - Texte et photo H. Eskenazi
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